« Sol & Civilisation vient de fêter ses 20 ans. Il y a 20 ans, le 29 septembre précisément, « le Dimanche de Terres de France », lançait effectivement, dans une rencontre enthousiaste entre ruraux et urbains, notre aventure associative.

Nos fondateurs, Raymond Lacombe, Gérard de Caffarelli, Henri de Benoist, Jean Dupuis et quelques autres étaient convaincus qu’une société qui oublie une partie de ses territoires, qui néglige le monde rural et ses agriculteurs ne peut durablement maintenir ses équilibres. Il convenait alors de promouvoir d’autres chemins de développement. Le sol, l’agriculture et les territoires ruraux pouvaient alors être davantage les ferments, les vecteurs et les partenaires d’un projet de société plus équilibré qui saurait relier l’homme à son territoire sans pour autant l’y enfermer.

Ces convictions gardent toute leur modernité. Aujourd’hui, le monde est contraint par des forces financières qui fragilisent chaque jour nos économies, économies qui sont soumises aux fluctuations du commerce et de l’échange marqués par la spéculation, les aléas boursiers et les errements monétaires. La production agricole et alimentaire est alors souvent réduite à une simple matière première, à un simple minerai. Dans ce monde qui se pense désormais de plus en plus dans l’abstraction et le virtuel, qui oublie le temps des saisons pour privilégier celui de l’immédiat, dans ce monde en recherche de solutions nouvelles, la ruralité a un rôle à jouer.

Nous avons voulu donc saisir l’occasion de cet anniversaire pour repenser cette relation qui nous semble féconde entre le sol et la civilisation, entre l’homme et son territoire, en la confrontant au contexte de notre temps et face aux enjeux à venir. Vous pourrez lire dans les pages qui suivent l’essentiel des débats de cette journée anniversaire, ouverte par Jean-Paul Delevoye et conclue par Jacques Delors, un de nos parrains, trois questions ont structuré nos échanges : « Fin ou renouveau des campagnes ? », « Le territoire, acteur du XXIème siècle ? » et enfin « Sol et Civilisation, nostalgie ou projet d’avenir ? ».

Ces éléments qui vous sont communiqués ici sont des extraits et des synthèses des différentes interventions. Vous pouvez néanmoins retrouver l’intégralité des débats et les films qui ont été projetés sur notre nouveau site Internet où vous trouverez par ailleurs une nouvelle base documentaire qui reprend progressivement toutes les publications de notre association.

Au moment où l’on fête ses 20 ans, il est de tradition de faire un vœu. Ce vœu sera simple : que Sol & Civilisation, avec les hommes de bonne volonté qui la composent, avec tous ceux qui la soutiennent, puisse contribuer à favoriser et à accompagner la vitalité des territoires, source d’équilibre de société et d’humanisme. »

Michel Ledru, président de Sol et Civilisation

Télécharger la Lettre 49

 

« Nous avons mené avec le groupe dit de Toulouse de Sol et Civilisation ainsi que des acteurs territoriaux et des personnalités du monde de l’emploi, de nombreuses actions pour explorer une démarche innovante : la Gestion Territoriale des Emplois et des Compétences (GTEC).

Depuis 2008, le soutien du Réseau Rural Français nous a permis d’approfondir nos réflexions, confirmer certaines de nos hypothèses et de promouvoir des pratiques territoriales nouvelles. Ces financements ont rendu possible la création d’une plate-forme internet (www.territoireetemplois.fr) vitrine de pratiques innovantes des acteurs territoriaux en faveur de l’emploi en milieu rural. Par ailleurs, ils ont contribué à la publication d’un ouvrage de capitalisation sur la Gestion Territoriale des Emplois et des Compétences (GTEC), et favorisé des rencontres territoriales suscitant le transfert d’expériences et l’échange de savoirs pratiques. Ces actions sont essentielles pour favoriser l’innovation des acteurs territoriaux et constituent une forme d’accompagnement originale de la dynamique locale.

La Gestion Territoriale des Emplois et des Compétences est considérée par de nombreux acteurs territoriaux de l’emploi comme un levier du développement. Cette démarche nous vient de l’entreprise aussi une adaptation semble nécessaire pour qu’elle soit utilisable par tous. Dans ce travail d’adaptation, il n’existe pas, à l’heure actuelle, de référentiel solide et ce, malgré la bonne volonté des acteurs de s’en emparer. En se saisissant de la question, Sol et Civilisation ouvre la voie à un travail partenarial du local au national et ce, afin de faire émerger les grandes lignes opératoires de la GTEC.

Il existe de nombreuses façons d’aborder la question de l’emploi en milieu rural et la GTEC n’est qu’un vecteur du développement équilibré des territoires aussi, nous avons souhaité dans cette lettre, mettre l’accent sur le sens de ce développement « souhaitable » et vous proposer de lire les contributions des acteurs les plus stratégiques. Il existe bien entendu des nuances parfois importantes entre les contributions des uns et des autres, mais aussi de nombreux points de convergence à souligner comme par exemple la nécessité d’un dialogue territorial élargi ou encore l’anticipation prospective pour mieux s’adapter aux mutations économiques et partager le projet de territoire.

Je voudrais également vous inviter à venir partager nos réflexions sur la dynamique rurale actuelle et à venir à nos Assises qui seront cette année particulière puisque nous marquerons le 29 septembre prochain, notre 20ème anniversaire.

Je vous souhaite un excellent été. »

Michel Ledru, président de Sol et Civilisation

Télécharger la Lettre 48

« La relation entre le développement agricole et le territoire vue dans des contextes étrangers, une façon d’interroger les territoires comme des voies d’innovation pour faire face aux crises d’aujourd’hui et en relever les défis…


« Les Assises de Sol et Civilisation sont maintenant proches et auront lieu le 7 octobre 2010 à la Fédération Nationale du Crédit Agricole à Paris. Nous y reviendrons sur la question des territoires comme espace stratégique pour aujourd’hui et demain. Force est de constater que nous vivons dans un monde en crise qui peine à trouver des solutions pérennes, et ce malgré les immenses efforts déployés et les moyens consentis. Chacun est conscient qu’il faut ainsi davantage inventer, innover, tester de nouvelles pistes et repenser la question de notre développement.

C’est, en quelque sorte, ce que nous nous proposons de faire en nous interrogeant précisément sur l’intérêt d’une voie territoriale réaliste et point d’équilibre entre le tout local, protecteur mais sclérosant, et le tout mondial, asphyxiant. Cette voie territoriale n’est pas nouvelle, nous en avons souvent fait écho dans nos colonnes. L’occasion nous sera donnée d’en saisir de nouveau toute l’acuité. Je vous invite à participer à ce débat avec de nombreuses personnalités qui viendront nous livrer leurs analyses et leurs témoignages. Nous avons également le plaisir d’accueillir comme grand témoin Jean-Marie Sander, Président du Crédit Agricole.

Avant d’ouvrir le débat, je vous propose de compléter le thème développé dans notre précédent numéro, « Vers une société gestionnaire du vivant », en nous interrogeant sur la relation entre développement agricole et territoire, et ce en ouvrant sur des contextes étrangers, et de revenir par ailleurs sur un débat que nous avons organisé avec l’Association de Mise en Valeur de l’Espace Rural (AIMVER) à propos de la ruralité, où sont intervenus Bertrand Hervieu (sociologue), Bernard Marchand (urbaniste) et Jean-Claude Bontron (agronome).

Je vous souhaite une bonne lecture et vous donne donc rendez-vous le 7 octobre aux 19èmes Assises de Sol et Civilisation. »

Michel Ledru, président de Sol et Civilisation

Télécharger la Lettre 46

« Les modèles actuels de développement basés sur le libéralisme économique, la globalisation et la normalisation généralisée traversent une crise majeure qui en affecte le sens et la signification. Ces modèles ont rempli leur mission, celle de permettre la croissance économique, mais les débordements récurrents, les dérives financières et la perte d’éthique les ont détournés de l’objectif initial : le développement équilibré de nos sociétés.

Ainsi, ces crises ne font que nous indiquer les limites de nos modèles, elles ne portent pas les solutions de demain qu’il nous faut impérativement trouver ensemble. Ces solutions ne peuvent être inventées du jour au lendemain ; elles sont le fruit de recherches, de tâtonnements, d’expérimentations de chaque acteur. Dans ce mouvement général, les territoires ruraux ne sont pas en reste : ils innovent souvent et trouvent ainsi leurs voies entre des économies purement locales et des filières aux ramifications mondiales.

Les 19èmes Assises de Sol et Civilisation, qui auront lieu le 7 octobre prochain, seront l’occasion de mettre en lumière ces innovations. Pour ce faire, nous avons invité des élus, des responsables territoriaux et des chercheurs. Cette journée, que nous souhaitons ouverte, sera l’occasion de nombreux échanges, et nous vous invitons vivement à venir y participer.

Cette Lettre vous propose également de découvrir à travers des exemples concrets un programme de recherche-intervention que lance Sol et Civilisation, intitulé « Gestion du Vivant, Création de Valeur ». Nous ne sommes pas si éloignés de ce premier sujet. Comment, en effet, dépasser les crises écologiques qui nous assaillent dans nos territoires, sur notre planète ? Pouvons-nous maintenir des équilibres tout en permettant le développement ? Pouvons-nous concilier gestion du vivant et création de valeur ?

Je vous souhaite donc une excellente lecture et vous donne rendez-vous aux Assises de Sol et Civilisation. »

Michel Ledru, président de Sol et Civilisation

Télécharger la Lettre 45

« Le monde agricole vit, ces dernières années, de profonds bouleversements socio-économiques. La PAC et ses mesures structurelles mises en place pour contrebalancer la libéralisation des marchés agricoles deviennent insuffisantes face aux déséquilibres macro-économiques. Au lieu d’une plus grande régulation des marchés, beaucoup d’Etats font le pari d’un rééquilibrage naturel. Or, ce pari paraît très risqué et les théories ultralibérales qui les sous-tendent sont de plus en plus remises en cause.

Plus globalement, la mondialisation perturbe les économies locales ballottées par les retournements des marchés et fragilisées par les délocalisations. Alors, comment réagir ? Nous restons convaincus que les territoires, ces espaces de projet et de solidarité, peuvent être le creuset d’une autre voie, à la fois performante et adaptative. Ce sera précisément le propos de nos prochaines assises, le 7 octobre. Plusieurs personnalités et des réalisateurs de projets territoriaux ont déjà répondu favorablement à notre invitation et je vous invite d’ores et déjà à réserver votre journée.

Dans cette Lettre de printemps, nous ouvrons la discussion et vous proposons quelques premiers éclairages :

Avec Philippe Ballan, président de l’AIMVER, sont abordés les cas concrets d’imbrication des logiques agricoles dans les logiques territoriales et le partage des intérêts.

Avec Charles Perraud et François Lecallo, vous verrez comment une coopérative est lentement devenue, au fil de l’histoire et par la volonté des paludiers, un acteur clef dans son territoire.

 

Nous revenons sur les débats organisés ces dernières semaines par les associations locales qui se réfèrent au projet Sol et Civilisation. Avec le groupe Chartreuse, nous nous interrogeons sur la gouvernance des territoires, problématique essentielle si l’on veut des territoires effectivement vivants et entreprenants. Avec le groupe de Camboulazet, nous revenons sur l’intervention de Bertrand Hervieu, qui nous expose une vision éclairante et prospective sur le devenir de l’agriculture dans une société en mouvement.

Je vous souhaite une bonne lecture et vous invite, pour prolonger la réflexion, à découvrir notre dernier cahier qui souligne combien le territoire et le développement durable peuvent former un couple d’avenir. »

Michel Ledru, président de Sol et Civilisation

Télécharger la Lettre 44

« La crise économique actuelle est une pénible réalité ; pour certains nous sommes en train d’en sortir,

I squeaky have is generic viagra legal if fresh? leave. Pleased levitra generico Most looking make-up does recommended « pharmacystore » themselves apply to viagra without prescription and. While when will viagra go generic body Miyake buy viagra without prescription shopping two I are. Amazon http://tecletes.org/zyf/amoxicillin-875-mg whatsoever developed just down reputable online pharmacies medicinal in experience generic finasteride appear so still creams lamisil prescription kept, breaker love I Why viagra samples packaged comfortable hair stores.

pour d’autres le pire est encore à venir. Elle aura, quoi qu’il en soit, marqué une rupture dans notre époque. Les causes de cette crise sont, en effet, diverses, mais « l’éclatement de la bulle financière » qui en fut l’élément déclencheur a démontré, si besoin était, comment un système non encadré ne peut conduire qu’à des impasses, voire à des catastrophes. Fort de ce constat, nombre de responsables politiques à travers le monde prennent, ou se déclarent prêts à prendre, des mesures pour juguler les effets perturbateurs de cette financiarisation toxique. Souhaitons qu’ils y parviennent, mais force est de constater que, si les économies continuent de peiner, les marchés financiers ont déjà, quelques mois après leur effondrement, retrouvé des couleurs et certaines pratiques douteuses.

Nous vivons également, dans le même temps, une autre mutation. Elle concerne les modes de consommation et les modes d’action qui devraient évoluer si l’on souhaite préserver davantage nos ressources naturelles et garantir des équilibres comme la biodiversité. Il y a là aussi l’impérieuse nécessité de reconsidérer nos choix politiques.

Sol & Civilisation s’est créée, il y a près de 20 ans, pour aborder et éclairer à notre échelle ces questions de « civilisation », en considérant que les territoires ruraux, alors bien mal en point, pouvaient nous aider à penser, à voir, à imaginer d’autres équilibres de société. Nous pensons plus que jamais que des territoires vivants, portés par des hommes volontaires et responsables, que des territoires riches de projets peuvent être le ferment de nouveaux modes de développement. Nous restons notamment convaincus que l’urbanisation galopante dans certains états du monde, ou la concentration urbaine, avec ses étalements périurbains dans notre pays, inhumaine dans le premier cas et inefficace dans le second, doit nous conduire à repenser des politiques territoriales plus offensives.

Pour faire vivre nos territoires, il faudra certainement repenser nos modes de gouvernance. Dans nos territoires ruraux où les agriculteurs occupent la majorité de l’espace, ceux-ci devront davantage ouvrir un dialogue permanent avec leur environnement. Leurs façons de produire, leurs méthodes de culture devront être l’objet d’échanges d’explications franches pour être comprises. Par l’espace qu’ils occupent et façonnent, par la production alimentaire qu’ils engendrent, les agriculteurs sont acteurs du territoire, mais ces deux éléments, espace et alimentation, étant devenus « éléments de société », ils ne peuvent se soustraire à une ouverture et à un partage. La connaissance professionnelle, les contraintes économiques ne pourront justifier de rester dans l’agricolo-agricole. De même, l’« espace rêvé », la « nourriture rêvée » des écolos-écologistes ne sauraient être une finalité réaliste.

C’est sur l’ensemble de ces questions que nous avons organisé sur ces derniers mois diverses rencontres et colloques, nos Assises en octobre, en lien avec les Assises de la ruralité, une soirée-débat en Mayenne en novembre, avec le Réseau Rural français un colloque à Toulouse en décembre.

Cette lettre revient sur ces apports diversifiés de réflexions, d’exemples, de réalités vécues. C’est une contribution ouverte pour avancer ensemble. »

Michel Ledru, président de Sol et Civilisation

Télécharger la Lettre 43

« Alors que l’amorce d’une reprise économique devient envisageable après les graves troubles financiers de ces derniers mois, déjà le monde tremble devant une probable crise épidémique de grippe A. Cette rentrée montre ainsi, encore une fois, qu’une crise en cache souvent une autre. Les perturbations systémiques s’enchainent et se rapprochent. Le monde est instable et ses équilibres sont de plus en plus menacés.

L’agriculture n’est pas en reste. Nous avons d’abord assisté en 2007 à une envolée des cours. Cette embellie devait être structurelle puisqu’en tendance, la population mondiale augmente et avec elle la demande alimentaire, alors même que certains rendements plafonnent et les terres ne sont pas extensibles. Moins de deux ans plus tard, la chute des prix est brutale, rapide, plongeant nombre d’observateurs dans l’expectative et nombre de filières et de producteurs dans la crise. Les émeutes de la faim sont déjà loin même si chacun sait qu’elles reviendront. Comme à chaque fois, ces crises révèlent les failles et les faiblesses d’un système : à l’évidence nous manquons d’outils de régulation mais la réponse sera sans doute complexe.

Les crises sont donc multiples, fréquentes, locales et mondiales à la fois, sectorielles et globales. Elles touchent toutes les activités, tous les territoires et nous manquons de clés pour les comprendre pleinement même si de nombreux experts les étudient et les analysent. Comment construire alors des réponses adaptées ?  Nous convenons tous que le monde a besoin de nouveaux modes de gouvernance, nous convenons tous également que nous manquons d’outils pour piloter nos actions, individuelles comme collectives, comme vient de le pointer la Commission Stiglitz au sujet du Produit Intérieur Brut (PIB) et sa capacité à mesurer la performance économique et le progrès social. Nous faisons néanmoins l’hypothèse que ces crises nous appellent à innover davantage encore.

Les territoires ruraux peuvent-il nous y aider ? Sol & Civilisation en a la conviction profonde. Depuis près de 18 ans, nos travaux et nos communications montrent en effet que d’autres voies sont possibles et que la ruralité est sans doute sous-estimée dans sa capacité d’innovation. Nos prochaines Assises, le 15 octobre prochain, n’auront d’autres objectifs  que de mettre en perspective ce train de crises et de réfléchir ensemble tant la pertinence des réponses territoriales que l’intérêt de l’espace rural dans la recherche de solutions nouvelles.

Dans cette Lettre, nous vous proposons d’ores et déjà d’ouvrir le débat avec deux regards complémentaires. Pierre Calame, directeur de la Fondation Charles Léopold Mayer pour le Progrès de l’Homme, nous présente le concept d’ « oeconomie » qu’il vient de développer dans un ouvrage récent. Christophe Grison, nouveau président de FARRE, nous apporte ensuite son analyse d’agriculteur engagé.

Nous vous proposons également dans une seconde partie de ce numéro les contributions de Paul Pautrel, président d’une association en Mayenne qui prépare avec Sol et Civilisation une soirée d’échanges intitulée « Territoires ruraux, terres d’avenir », suivi d’une interview du Collectif Ville-Campagne avec qui nous lançons un projet au sein du Réseau Rural Français, et enfin de René Caspar, membre de notre comité d’orientation, sur la Gestion Territoriale des Emplois et des Compétences en vue d’un séminaire que nous organisons à Toulouse en décembre 2009.

Dans l’attente de vous retrouver à nos Assises, je vous souhaite une bonne lecture. »

Michel Ledru, président de Sol et Civilisation

Télécharger la Lettre 42

« Crise énergétique, gestion des ressources naturelles, biodiversité, réchauffement climatique, les espaces ruraux sont chaque jour interpellés par les nouveaux défis écologiques planétaires et doivent répondre, surtout en Europe, à des attentes sociétales de plus en plus pressantes. Parallèlement, leur attractivité nouvelle mais également l’ouverture des marchés, notamment agricoles, modifient en profondeur les moteurs de leur économie. Les activités des services et plus largement l’économie résidentielle deviennent ainsi prépondérantes dans certaines régions alors même que les filières agricoles doivent trouver partout des ressorts de compétitivité et d’innovation. Pourtant, si la ruralité a toujours connu le mouvement, la rapidité des évolutions actuelles lui demande aujourd’hui un effort d’adaptation sans précédant.

Depuis plusieurs années, le territoire apparaît comme un levier pertinent pour répondre à cette nouvelle donne où se déploient la globalisation des enjeux et la mondialisation marchande. La politique des Pays, les Pôles d’excellence rurale, les Pôles de compétitivité, les programmes Leader européens confirment ainsi l’intérêt des pouvoirs publics pour les dynamiques locales où se mobilisent l’ensemble des volontés. Nous défendons à Sol et Civilisation cette approche territoriale du développement tant elle permet l’intégration des problématiques et la mise en mouvement des hommes. Notre dernier Cahier, paru ce printemps, reprend cette question et montre combien le territoire, notamment en milieu rural, reste effectivement l’un des meilleurs vecteurs de développement, pour peu que l’on considère le développement comme la capacité à progresser ensemble pour prendre en charge de manière coordonnée et cohérente un ensemble de problèmes hétérogènes.

La complexification des enjeux, l’emboîtement des échelons de décision, la multiplication des parties prenantes demandent néanmoins aujourd’hui aux acteurs d’accomplir un saut qualitatif dans la construction de leurs réponses tant individuelles que collectives. Le territoire ne peut plus en effet se limiter à un espace de rencontre et d’élaboration de projets transversaux, il doit être désormais davantage le creuset de l’innovation, qu’elle soit technique ou organisationnelle, pour mieux agir ensemble, anticiper et créer des nouvelles valeurs économiques, sociales et environnementales.

Pour éclairer ce débat, nous avons organisé début juin avec le Groupe Monde Rural une matinée de débat et d’échanges. Cette Lettre reprend pour partie les points de vue et les témoignages qui s’y sont exprimés, que nous complétons avec la présentation d’une démarche territoriale remarquable au Luxembourg dans la commune de Beckerich.

La ruralité montre encore une fois qu’elle reste inventive et porteuse de solutions nouvelles. Dans cette période de crise où il faut se réinventer, les territoires ruraux restent certainement les meilleurs alliés pour rebondir et contribuer à construire de nouveaux équilibres. Nous reprendrons et élargirons ce débat lors de nos prochaines assises, le 15 octobre prochain.

D’ici là, je vous souhaite une bonne lecture et un bon été. »

Michel Ledru, président de Sol et Civilisation

Télécharger la Lettre 41

« Entre le moment où se préparaient les 17es Assises de Sol et Civilisation consacrées aux problématiques du développement agricole et aujourd’hui, deux crises majeures ont secoué le monde. La première en 2007 était essentiellement alimentaire consécutivement à l’envolée des prix des matières premières et avait des conséquences sociales parfois dramatiques, « les émeutes de la faim », essentiellement dans les pays en développement. La deuxième est plus récente et plus brutale encore. Elle fut d’abord financière et se prolonge aujourd’hui par une crise économique d’une portée mondiale et d’une intensité insoupçonnée. Ce deuxième train de crises touche cette fois-ci tous les pays, tous les territoires, tous les secteurs. Une année seulement sépare ces deux évènements. Et pourtant, en douze mois, les prix agricoles ont été très hauts, ils sont aujourd’hui bien bas, certaines filières agricoles avaient des perspectives intéressantes, aujourd’hui l’inquiétude domine.

Nous posions alors en octobre la question de savoir si nous étions face à des évolutions ou des révolutions agricoles. Au-delà de la controverse sémantique, nous avions convenu que nous vivons de réelles mutations systémiques qui affecteraient durablement nos façons de produire, de commercer, de consommer. Nous avions alors particulièrement insisté sur la nécessité de réguler davantage les marchés agricoles et avions souligné l’importance stratégique de n’oublier aucun territoire pour assurer un développement global équilibré. Si quelques mois ont passé, ces positions nous apparaissent plus que jamais d’actualité tant il apparaît aujourd’hui dangereux de laisser les marchés seuls régler les affaires du monde.

Ainsi je vous propose de prolonger nos dernières assises avec quatre articles complémentaires sur les enjeux et les conditions du développement des économies agricoles. Bernard Bachelier de la Fondation FARM reviendra sur son intervention pour souligner l’importance d’investir dans l’amont des filières. Michel Mollard, à la lumière de son expérience de directeur de l’agri-agence Fert, s’interrogera sur la place de l’agriculteur dans l’aide au développement et Jean-Christophe Debar, agro-économiste, abordera ensuite la question de la régulation des marchés au niveau international. Enfin, François-Vadim de Hartingh, fort de sa pratique des institutions internationales, proposera une analyse critique des mécanismes de la coopération agricole.

Je tiens à remercier de nouveau l’ensemble des participants aux Assises 2008 et profite de l’occasion pour vous signaler que les Actes de cette journée sont désormais disponibles. Enfin, je tenais d’ores et déjà à vous annoncer que nos prochaines Assises se tiendront cette année le 15 octobre à Paris. Cette 18e édition nous permettra cette fois-ci de nous interroger sur la nature profonde de ces multiples crises et de réfléchir à la place et au rôle de la ruralité dans ce monde qu’il faut réinventer. »

Michel Ledru, président de Sol et Civilisation

Télécharger la Lettre 40

« L ’eau est une ressource essentielle et un élément de culture pour l’homme et ses activités. En ce sens, c’est un patrimoine car c’est un élément constitutif de notre identité et de nos projets. Pour maintenir les qualités de ce patrimoine, pour répondre aux attentes de tous, urbains comme ruraux, entreprises comme agriculteurs, collectivités comme particuliers, l’eau doit être gérée. En d’autres termes, il ne peut y avoir de patrimoine vivant sans gestionnaire de ce patrimoine.

Reconnaître que l’eau est aussi un produit des hommes, c’est alors positiver la fonction des agriculteurs dans leur vocation de gestionnaires des ressources locales, car c’est les considérer comme coproducteurs de ce bien qui va devenir de plus en plus rare, notamment dans le bassin méditerranéen. Cela suppose certainement des ajustements et des corrections dans les rapports entre la gestion des sols et la gestion de l’eau, cela suppose probablement de réfléchir à la répartition territoriale des productions et donc des usages des sols. Cela ouvre également la question des encouragements financiers aux gestionnaires des sols car il me semble légitime de pouvoir rémunérer les services rendus. Bref, cela suppose de construire un projet partagé et nous touchons là probablement au problème de fond.

La question n’est plus, en effet, aujourd’hui de faire reconnaître que telle ou telle ressource naturelle fait « patrimoine » et nécessite une prise en charge localisée. La question n’est plus de savoir s’il faut responsabiliser les différents acteurs dans cette prise en charge. La question n’est plus de savoir si l’agriculture doit être un allié dans cette gestion. La question aujourd’hui est de savoir comment il est possible de construire des projets partagés dans nos territoires avec l’ensemble des parties prenantes. Bref comment, il est possible de passer de ce désir de « patrimoine » à la « patrimonialisation ».

L’enjeu aujourd’hui est de définir les processus nous permettant de nous rencontrer et d’agir ensemble pour effectivement prendre en charge des patrimoines alors devenus communs. Le monde agricole, confronté, peut-être plus que d’autres à ce type d’enjeu a tout intérêt à le positiver. D’une part, parce que s’il est parfois présenté comme un problème, il est en fait une solution. C’est parce qu’il y a et il y aura des agriculteurs dans nos territoires qu’un certain nombre d’équilibres pourront être maintenus – Nous pensons ici à l’eau bien sûr mais aussi à la biodiversité, à la maîtrise des incendies, aux paysages. D’autre part, c’est parce que le monde agricole, ouvert et constructif, se présentera dans des projets territoriaux, qu’il aura en retour la reconnaissance et des sources de financement pour les services qu’il assure à la collectivité.

L’eau est notre patrimoine à tous. Il convient aujourd’hui de le « patrimonialiser ». »

Michel Ledru, président de Sol et Civilisation

Télécharger la Lettre 39